Sentinelle - Audition de cinq responsables syriens à Vienne, 4 décembre 2005
Sabrina RAHMANI
Le 25 novembre 2005, M. Detlev Mehlis, chef de la commission d’enquête sur l’assassinat de l’ex-premier ministre libanais Rafic Hariri, a confirmé qu’un accord a été trouvé avec les autorités syriennes afin de mener les interrogatoires de cinq responsables syriens au siège de l’ONU à Vienne. Pour le chef du gouvernement libanais, M. Fouad Siniora, cet accord est positif. Concernant les dates des interrogatoires, celles-ci seront fixées à la suite de contacts à venir avec la Commission d’enquête Les Nations Unies ont confirmé cet accord et M. Mehlis en a informé le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Anan
Lors d’une conférence de presse, le vice-ministre syrien des affaires étrangères, M. Walid Mouallem, a déclaré que « la direction syrienne avait décidé d’accepter que les cinq syriens soient interrogées au bureau de l’ONU à Vienne, comme l’avait proposé la commission d’enquête internationale ».Il a déclaré que cet accord est un compromis. M. Mehlis l'avait proposé au conseiller juridique du ministère syrien des Affaires étrangères, M. Riad Daoudi lors de leur rencontre le 18 novembre à Barcelone, en Espagne. Il a ajouté que cet accord était le résultat de négociation avec la commission après que Damas ait obtenu des garanties sur le respect de sa souveraineté. Il a aussi précisé qu’aux termes de l’accord, les cinq responsables syriens,dont ils refusent de donner l’identité au nom du secret de l’instruction, seront accompagnés de représentants légaux et regagneront Damas après avoir été interrogés dans la capitale autrichienne.
Toutefois, afin d’avoir la possibilité de faire arrêter les suspects, M. Mehlis avait insisté pour pouvoir interroger les six responsables syriens au Liban, mais Damas s’y opposait .Les autorités syriennes avaient tout tenté pour que l’audition des responsables syriens se fasse à leurs conditions. Pour refuser que les témoins soient entendus au siège de la Commission d’enquête, dans la banlieue de Beyrouth, comme l’exigeait M. Mehlis, elles ont invoqué des questions de dignité ainsi que l’intérêt du Liban et de la Syrie. Elles ont proposé des locaux de l’ONU à Damas, ou de la force de l’ONU pour l’observation du désengagement sur le Golan, le siège de la ligue arabe. Elles aussi demandé la négociation d’un protocole de coopération juridique entre leur Commission d’enquête et la Commission internationale. Finalement, des négociations ont été engagées pour que les interrogatoires soient effectués en terrain neutre.
De plus, la Syrie avait demandé que les suspects soient interrogés sur son territoire et en présences de leurs avocats, dans un projet de protocole présente à l’ONU. Ce projet préconisait que les enquêteurs de l’ONU partagent leurs conclusions avec la commission d’investigation syrienne. Mais ces conditions ont été jugées inacceptables par le magistrat allemand, M Mehlis et plusieurs Etats membres du Conseil de sécurité. M. Kofi Anan, a rejeté aussi la demande du chef de la diplomatie syrienne, le sollicitant à intervenir auprès de M. Mehlis et de contribuer à négocier un protocole de négociations.
Par ailleurs, cet accord entre Damas et l’ONU sur le choix de Vienne comme lieu d’interrogatoires des responsables syriens, intervient presque un mois après que le Conseil de sécurité ait adopté, le 31 octobre 2005, la résolution 1636 demandant à la Syrie de coopérer dans l’enquête internationale et prévoyant des sanctions individuelles contre les suspects. La résolution demandait aussi à la Syrie d’arrêter les responsables syriens ou toute personne soupçonnée d’être impliquée dans l’assassinat, et de les mettre pleinement à la disposition de la Commission. Ce déblocage survient aussi 20 jours avant l’expiration du mandat de la Commission d’enquête internationale, prévue le 15 décembre 2005, date à laquelle M. Mehlis doit rendre son rapport au Conseil de sécurité des Nations Unies.
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