June 23, 2009 - L'Orient le jour - Bachar el-Assad : La Syrie prête à coopérer avec le Tribunal spécial, mais selon « ses critères »

La Syrie est prête à coopérer avec le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) chargé d'enquêter sur l'assassinat de Rafic Hariri, mais selon « ses critères » et moyennant un accord avec ce tribunal, a affirmé le président syrien Bachar el-Assad.
« Nous avons déjà coopéré avec les enquêteurs de l'ONU, nous sommes prêts à coopérer de la même manière avec le Tribunal spécial, mais selon nos critères. Car n'importe quel Syrien, qu'il fasse ou non partie du gouvernement, est soumis à notre législation, à notre autorité », a déclaré le président syrien à la chaîne de télévision France 5.
Cet entretien figure dans un documentaire consacré au président syrien, diffusé hier soir. Bachar el-Assad s'y exprime en anglais et ses propos sont traduits en français.
« Regardez ce qui s'est passé entre les Nations unies et le Liban pour la mise en place du tribunal. Il y avait un accord (...) pour qu'un juge libanais siège à ce tribunal. S'ils veulent que nous coopérions, il faudra un accord, car notre peuple aussi a des droits », a ajouté Bachar el-Assad.
« Nous ne sommes pas inquiets en ce qui concerne les conclusions du rapport d'enquête » du tribunal, basé à La Haye, a dit le président syrien. « Nous restons sereins tant que les enquêtes restent professionnelles et techniques, et qu'elles ne sont pas politiques », a-t-il ajouté.
Le président du TSL Antonio Cassese avait indiqué début mai à l'AFP qu'il comptait conclure des accords avec des pays voisins du Liban, dont la Syrie, pour simplifier la remise de suspects éventuels.
Créé en 2007 par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, le TSL est chargé de juger les auteurs présumés d'attaques terroristes au Liban, dont l'assassinat en 2005 de Rafic Hariri. La Syrie, mise en cause par deux rapports d'enquête des Nations unies, a toujours nié toute implication.
Sur un autre plan, l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) a appelé hier à la libération d'un homme détenu en Syrie depuis 2005 sans avoir été inculpé, dans le cadre de l'affaire de l'assassinat de Rafic Hariri.
« Les autorités syriennes détiennent Ziad Ramadan depuis quatre ans », affirme dans un communiqué Sarah Leah Whiston, directrice de l'organisation basée à New York.
HRW a exhorté Damas à « révéler où se trouvait Ziad Ramadan et les raisons de sa détention ».
« Si elles (les autorités) n'ont rien à cacher au niveau de l'enquête sur (l'assassinat de) Hariri, elles doivent immédiatement le libérer ou l'inculper », ajoute le communiqué.
Selon le communiqué de HRW, la commission d'enquête de l'ONU a interrogé M. Ramadan à deux reprises, en 2005 et en 2006, mais son sort est inconnu depuis septembre 2007, date à laquelle sa famille l'a vu pour la dernière fois dans son lieu de détention, à Damas.
D'après l'organisation, le détenu travaillait au Liban dans la même compagnie qu'Abou Adass, l'homme apparu à la télévision le jour de l'assassinat pour revendiquer « l'attentat-suicide ».