This blog of the Lebanese Center for Human Rights (CLDH) aims at granting the public opinion access to all information related to the Special Tribunal for Lebanon : daily press review in english, french and arabic ; UN documents, etc...

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Centre Libanais des droits humains (CLDH) a pour objectif de rendre accessible à l'opinion publique toute l'information relative au Tribunal Spécial pour le Liban : revue de presse quotidienne en anglais, francais et arabe ; documents onusiens ; rapports, etc...
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PRESS REVIEW

August 31, 2009 - L'Orient le jour - Jamil Sayyed Press Conference

Jamil el-Sayyed tire à boulets rouges dans toutes les directions

Jamil el-Sayyed au cours de sa conférence de presse, hier, à l’hôtel Coral Beach. Anwar Amro/AFP

Après un silence de plusieurs mois, l'ancien directeur général de la Sûreté générale, Jamil el-Sayyed, a tenu hier une conférence de presse au cours de laquelle il s'est littéralement déchaîné contre le chef de la majorité parlementaire Saad Hariri et l'ancien ministre Marwan Hamadé, ne ménageant pas au passage ses critiques à l'égard du président de la République, sans oublier d'égratigner l'opposition.

Le général el-Sayyed a réclamé avec virulence des comptes « à tous ceux qui se sont tus ou qui ont participé à l'emprisonnement des quatre généraux pendant plus de trois ans ». Menant ses attaques dans presque toutes les directions, il a qualifié le procureur général près la République, Saïd Mirza, de « criminel » et affirmé que le Premier ministre désigné Saad Hariri « a perdu le droit d'évoquer le Tribunal spécial pour le Liban, après avoir accepté pendant quatre ans le mensonge, la fraude et l'injustice ». Il ne retrouvera ce droit, selon lui, que lorsqu'il demandera des comptes « à ceux qui lui ont menti, l'ont induit en erreur et entraîné dans la mauvaise direction ».
Le général el-Sayyed, qui s'adressait à la presse quatre ans jour pour jour après son arrestation, a raconté comment le procureur général lui a envoyé récemment un émissaire pour « tâter le terrain », affirmant qu'il ne compte pas renoncer à son droit de réclamer des comptes à ceux qui, selon lui, ont causé sa détention et « ont ainsi tué Rafic Hariri dans sa propre tombe ». Il a souligné que l'État actuel est celui du « profit personnel et de la vénalité », non celui du respect du droit, accusant certains officiers, magistrats et hommes politiques d'avoir « sciemment détourné la réalité pour servir leurs intérêts propres ».
Il a aussi rappelé la manière dont la justice libanaise s'est comportée avec lui, l'accusant d'avoir été impliqué dans l'assassinat de Rafic Hariri sur la base des faux témoignages de Mohammad Zouhair Siddiq et de Houssam Houssam. Il a ajouté que lorsque le chef de la commission d'enquête internationale, Serge Brammertz, « avait découvert le pot aux roses, l'équipe en place a tout fait pour éviter une mise en accusation des faux témoins, notamment Siddiq ». Il a également rappelé comment le juge d'instruction en charge du dossier, Élias Eid, « avait soudain eu un sursaut de conscience et déclaré au procureur Mirza son intention de le relâcher ainsi que le général Raymond Azar, parce que son honnêteté ne supportait plus cette détention injuste ». Selon le général el-Sayyed, Saïd Mirza est entré dans une grande colère, se demandant comment il allait justifier une telle décision devant Saad Hariri.
« Le juge Eid, a poursuivi l'ancien directeur de la Sûreté générale, avait alors fait une crise d'hypertension qui avait nécessité son transport à l'hôpital. Saïd Mirza en avait profité pour s'emparer des procès-verbaux des investigations et demandé l'aide du magistrat Ralph Riachi, qui a décidé de décharger le juge Eid du dossier au prétexte qu'il avait accepté des coupons d'essence de la part de la Sûreté générale. » Selon le général el-Sayyed, ces coupons dataient de 2003. Il a ensuite affirmé que le magistrat Riachi recevait lui aussi des coupons d'essence de la part de la direction des SR de l'armée, lorsqu'il était membre de la Cour de justice, au moment des procès intentés contre le chef des Forces libanaises, Samir Geagea...
Selon lui, ces magistrats (Mirza, Riachi et Sakr Sakr, qui a remplacé Eid), les officiers, comme le chef du département des informations au sein des FSI, Wissam Hassan, et son ancien adjoint Samir Chéhadé, ainsi que des personnalités politiques comme Marwan Hamadé, Johnny Abdo, Fouad Siniora (qui, selon lui, avait envoyé en toute connaissance de cause aux Nations unies un document pour incriminer les généraux sur la base du témoignage de Siddiq) et d'autres « sont le symbole de la corruption ». Il a appelé Saad Hariri « à faire le ménage » chez lui et invité le président de la République « à redevenir le général Michel Sleiman que j'ai connu ». Apostrophant en des termes rudes le chef de l'État, il a lancé : « Si vous devez rester l'otage de la présidence, quittez cette fonction. » Le général el-Sayyed a affirmé que, partout dans le monde, le chef de l'État est appelé à gouverner, mais « qu'au Liban, il est choisi pour être gouverné ». Il a alors sommé le président de réclamer les prérogatives nécessaires à l'exercice de son pouvoir, « comme le droit de dissoudre le Parlement et de démettre le gouvernement », l'invitant à refuser d'être un « faux témoin ». Il lui a aussi signalé qu'il ne pouvait pas être un « président consensuel entre le faux et le vrai, le droit et le non-droit ».
Évoquant ensuite la situation du Tribunal spécial pour le Liban, le général el-Sayyed a affirmé que ce tribunal « est politisé jusqu'à preuve du contraire ». Selon lui, il ne suffit pas de remettre les quatre généraux en liberté, ni de déclarer que le TSL n'est pas concerné par les déclarations de Siddiq, « il faut aussi demander des comptes et ouvrir des enquêtes pour voir comment un tel témoignage a pu être pris en considération par le premier chef de la commission d'enquête internationale Detlev Mehlis, et qui se tenait derrière la fabrication de ce faux témoin ».
Au sujet du chef druze Walid Joumblatt, l'ancien directeur de la Sûreté générale a rappelé que celui-ci « avait affirmé vouloir pendre les généraux et arracher des larmes de sang à leurs familles ». Il a ajouté qu'il ne l'a pas beaucoup entendu sur le sujet depuis leur remise en liberté.
Selon lui, il ne s'agit pas tant d'une affaire personnelle que de celle de la patrie. Un État qui se respecte ne peut pas fermer les yeux sur de telles exactions et maintenir en place les responsables, sans aucune réclamation de comptes. Il a ajouté que même à 70 ans, il continuera à réclamer justice, appelant ceux qui s'estiment lésés par ses propos à porter plainte contre lui, se déclarant prêt à prouver ses allégations. Le général el-Sayyed a ajouté que même sous la tutelle syrienne, il n'a jamais été question d'accuser un innocent et de monter de toutes pièces un scénario d'accusation. Au pire, il s'agissait d'alléger la peine d'un coupable... Il a, dans ce cadre, évoqué l'affaire de l'église Notre-Dame de la Délivrance en 1994 qui avait permis d'arrêter le chef des FL Samir Geagea, affirmant qu'il est prêt à défendre sa position, si Geagea, « qui a aujourd'hui le vent en poupe sur le plan judiciaire », décide de rouvrir une enquête sur ce dossier.
L'officier a ensuite raconté en détail « la situation arbitraire » des détenus à la prison de Roumié, notamment le traitement de faveur réservé aux détenus islamistes, « alors que les autorités avaient arrêté ces derniers pour faire plaisir aux États-Unis et montrer qu'elles luttaient contre le terrorisme, tout en donnant des instructions précises pour qu'ils soient traités comme des VIP ». Il a aussi critiqué le mufti de la République et le patriarche maronite, les invitant à être du côté du droit, non de celui de l'injustice. Estimant qu'au Liban, chaque confession constitue un État à part entière plus fort que l'État central, le général el-Sayyed a enfin reproché à l'opposition sa volonté de participer au prochain gouvernement, l'appelant vivement à laisser la majorité « gouverner et se discréditer toute seule ».

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Background - خلفية

On 13 December 2005 the Government of the Lebanese Republic requested the UN to establish a tribunal of an international character to try all those who are alleged responsible for the attack of 14 february 2005 that killed the former Lebanese Prime Minister Rafiq Hariri and 22 others. The United Nations and the Lebanese Republic consequently negotiated an agreement on the establishment of the Special Tribunal for Lebanon.

Liens - Links - مواقع ذات صلة

The Washington Institute for Near East Policy, David Schenker , March 30, 2010 . Beirut Spring: The Hariri Tribunal Goes Hunting for Hizballah


Frederic Megret, McGill University, 2008. A special tribunal for Lebanon: the UN Security Council and the emancipation of International Criminal Justice


International Center for Transitional Justice Handbook on the Special Tribunal for Lebanon, April 10, 2008


United Nations
Conférence de presse de Nicolas Michel, 19 Sept 2007
Conférence de presse de Nicolas Michel, 27 Mars 2008


Département d'Etat américain
* 2009 Human Rights report
* 2008 Human Rights report
* 2007 Human Rights report
* 2006 Human Rights report
* 2005 Human Rights report



ICG - International Crisis Group
The Hariri Tribunal: Separate the Political and the Judicial, 19 July, 2007. [Fr]


HCSS - Hague Centre for strategic studies
Hariri, Homicide and the Hague


Human Rights Watch
* Hariri Tribunal can restore faith in law, 11 may 2006
* Letter to Secretary-General Kofi Annan, april 27, 2006


Amnesty International
* STL insufficient without wider action to combat impunity
* Liban : le Tribunal de tous les dangers, mai 2007
* Jeu de mecano


Courrier de l'ACAT - Wadih Al Asmar
Le Tribunal spécial pour le Liban : entre espoir et inquiétude


Georges Corm
La justice penale internationale pour le Liban : bienfait ou malediction?


Nadim Shedadi and Elizabeth Wilmshurt, Chatham House
The Special Tribunal for Lebanon : the UN on Trial?, July 2007


Issam Michael Saliba, Law Library of Congress
International Tribunals, National Crimes and the Hariri Assassination : a novel development in International Criminal Law, June 2007


Mona Yacoubian, Council on Foreign Relations
Linkages between Special UN Tribunal, Lebanon, and Syria, June 1, 2007