April 6, 2010 - L'Orient le jour - Municipalités, TSL, el-Qaëda, des nuages inquiétants à l’horizon

Par Lélia Mezher


La situation
Alors que commençaient hier à circuler des rumeurs sur une éventuelle démission du procureur attaché au Tribunal spécial pour le Liban, Daniel Bellemare, l'ancien directeur général de la Sûreté générale Jamil Sayyed se trouvait hier à Damas pour une rencontre significative avec le président syrien Bachar el-Assad. Par ailleurs, la tendance semblait hier, sur le plan des municipales, à la tenue du scrutin.
Des voix se sont ainsi élevées de part et d'autre de l'échiquier politique hier pour réclamer la tenue du scrutin dans les délais et loin des tiraillements politiques. Tous les responsables, tant de l'opposition que de la majorité, ont d'autre part tenus à mettre en relief le caractère « développemental et local » de cette échéance démocratique, loin de la politique politicienne de tous les jours. Brusque changement de cap, prélude à un accord tacite entre les parties afin de mener à bien le scrutin ou simple moyen de calmer les esprits pour attendre ... et voir ce que les jours à venir apporteront en terme de compromis et peut-être, de report, pour une année, comme l'a insinué hier le président de la Chambre Nabih Berry. Seulement voilà, pour l'heure, et en l'état actuel des choses, tout compromis semble quasi impossible entre les parties, les divergences qui les opposent étant trop importantes. Du côté de Baabda, Michel Sleiman ne voit pas très bien comment un report pourra être décidé, une telle décision étant de nature à contrevenir à la loi car celle-ci exige, pour ce faire, de sérieuses motivations. Toutefois, M. Sleiman reste souple s'il s'agit de décider de reporter la tenue du scrutin pour quelques mois, et pour des motifs techniques. Pour Saad Hariri en revanche, le scrutin municipal reste aujourd'hui la seule réalisation possible de son gouvernement. Le Premier ministre y tient donc, surtout que tout accord avec ses rivaux politiques sur le budget ou encore sur les nominations administratives semble aujourd'hui plus que difficile.
D'autre part, l'insistance de Michel Aoun à partager administrativement la capitale, même si la nouvelle loi ne parvient pas à être votée, et la préférence affichée par Hassan Nasrallah, lors de sa récente apparition télévisée, de ne pas organiser les élections font qu'un éventuel compromis sur la question des municipales reste pour le moment très aléatoire et que la question sera probablement tranchée place de l'Étoile.
Les commissions parlementaires concernées par le projet de loi sur les municipales, justement, doivent se réunir le 8 avril sous la présidence de Nabih Berry et, de source informée, cette réunion va être décisive. La source précise qu'en tout état de cause, il faudra « trouver un compromis pour que le report puisse être décidé », sinon, dans le cas contraire, « les municipales auront lieu ». En effet, faute d'unanimité sur le report, il y a fort à parier qu'un recours sera présenté par 10 députés devant le Conseil constitutionnel pour invalider la décision de reporter le scrutin, un scrutin essentiel pour la vie quotidienne des citoyens qui attendent, depuis assez longtemps déjà, que leurs quartier, leur ville, leur village, soient pris dans la spirale positive du développement local.
Aujourd'hui, deux éléments seraient susceptibles de venir à bout des aspirations des Libanais : soit l'obtention de l'accord unanime des députés pour paralyser, pour une année encore, voire plus, le développement local des différentes régions, soit un rebondissement de dernière minute, sur le plan sécuritaire, qui pourrait reléguer ce scrutin, pourtant primordial, aux oubliettes. Le TSL, mais aussi les récentes menaces d'el-Qaëda contre le Hezbollah et l'armée libanaise sont autant d'indices inquiétants.