Par Émile Khoury
Le commentaire
Le Liban l'a éprouvé naguère dans sa chair et dans son sang : la discorde entre ses fils est le plus néfaste des maux. C'est pourquoi les Libanais redoutent aujourd'hui plus les effets du conflit sur le TSL qu'une dégradation au Sud, face à Israël, après Adaïssé. Confrontation extérieure que le pays peut aborder dans l'unité, en préservant ainsi sa place dans le concert des nations, et son essence. Cette raison d'être, et de vivre, qu'il perd quand il se déchire à l'intérieur, en risquant de disparaître.
Les gens se demandent dès lors, avec inquiétude, où en est l'État. Seul, en effet, il peut, avec le concours actif de son armée et de ses FSI, veiller à immuniser la stabilité interne. En étouffant dans l'œuf les germes de la rupture fatale qu'induit le tohu-bohu polémique autour de l'acte d'accusation. Si la tension est aussi élevée aujourd'hui autour de ce sujet, qu'adviendrait-il une fois que les conclusions du procureur Bellemare seraient publiées ? Répétons-le, les gens se demandent quel sens peuvent avoir l'État et ses bras séculiers s'ils ne parviennent pas à prévenir le danger létal qui menace le pays ? Pourquoi dépenser des sommes folles en armement et en équipement de la troupe, si elle ne protége pas les citoyens et leur en laisse le soin.
Dans le temps, on ne s'en souvient que trop, l'État et ses forces se sont montrés incapables d'empêcher les affrontements entre Libanais et Palestiniens, puis les combats entre Libanais. Par là même, l'État avait disparu de la scène, pour céder la place aux mini-États des milices. Tandis que l'armée elle-même se divisait, suivant les régions et les confessions. Reflétant ainsi la perte de l'unité du peuple, dont elle procède. Il avait fallu recourir à une force arabe de pacification, vite devenue exclusivement syrienne. Bien plus récemment, le 7 mai 2008, les forces étatiques se sont montrées incapables d'empêcher les agressions et les heurts à caractère confessionnel. Pour une raison de base : en cas d'intervention, les unités de l'armée ou des FSI auraient pu se retourner elles-mêmes les unes contre les autres, toujours au titre des clivages confessionnels. De plus, elles étaient manifestement surclassées par la milice du Hezbollah, une guérilla mieux adaptée au terrain urbain. Elles se sont donc contentées d'un rôle d'interposition dans les quartiers et les rues sensibles, sur les lignes de démarcation.
Perspectives
La question brutale qui se pose sans relâche reste donc de savoir si l'État, par ses moyens politiques et surtout sécuritaires, est en mesure d'empêcher l'incendie de se déclarer, de faire en sorte que chaque communauté, et chaque parti, ne soit pas de nouveau obligé d'assumer une autosécurité. Si l'armement des forces publiques est censé les rendre aptes à défendre l'unité de la patrie, dans les faits, est-il suffisant pour protéger chaque citoyen, afin que tous acceptent de le financer, en supportant éventuellement de nouveaux impôts ?
La discorde n'éclate que lorsque plusieurs parties sont en présence. Une fois qu'elle survient, il devient pratiquement impossible de compter sur les forces publiques pour y mettre un terme, du moment qu'elles restent elles-mêmes confessionnellement et politiquement disparates, dans leur composition. Cela étant, il leur serait vraisemblablement plus facile de protéger une partie non armée, quand elles n'auraient à faire face qu'à un seul agresseur armé. À condition, bien entendu, qu'elles obéissent aux ordres de l'autorité politique légale.
En pratique, tout dépend du Hezbollah. Seule fraction armée, il affirme s'en tenir à l'engagement pris à Doha de ne pas utiliser son potentiel à l'intérieur. Pour le moment, mais plus tard ? En tout cas, le vice-président du comité exécutif des FL, le député George Adwan, après avoir relevé que pour se disputer, il faut être au moins deux, assure que « pour notre part, et quoi qu'il arrive, nous ne recourrons ni à la violence ni à la rue ». Et d'ajouter : « La partie qui le ferait aurait affaire avec l'État, pas avec nous. Celui qui a un problème avec le TSL doit attendre la publication de l'acte d'accusation. À ce moment, il étudierait les faits, les indices et les preuves, pour exposer ensuite ses contre-preuves et ses contre-témoins. Il faut traiter avec calme ces sujets sensibles qui menacent notre stabilité, par pitié pour les gens et pour le pays. »
Et pour, cela va sans dire, préserver une unité nationale qui est le principal bouclier face aux visées d'Israël. Un État dont la politique a toujours été d'attiser la division dans ce Liban qui constitue le désaveu le plus éclatant, par la coexistence, de sa formule raciale. C'est bien pourquoi les forces armées nationales, en position inférieure face à la puissance de feu de l'ennemi, doivent bien veiller à notre ordre public, premier élément de la cohésion nationale. Elles doivent savoir réprimer, ou mieux encore, prévenir des troubles intérieurs.
PRESS REVIEW
August 12, 2010 - L'Orient le jour - La discorde toujours plus nocive qu’une guerre avec l’ennemi
Publié par www.cldh-lebanon.org
Libellés : Francais
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Background - خلفية
On 13 December 2005 the Government of the Lebanese Republic requested the UN to establish a tribunal of an international character to try all those who are alleged responsible for the attack of 14 february 2005 that killed the former Lebanese Prime Minister Rafiq Hariri and 22 others. The United Nations and the Lebanese Republic consequently negotiated an agreement on the establishment of the Special Tribunal for Lebanon.
Chronology - Chronologie
Détenus - Detainees - المعتقلون
International Criminal Justice
Videos - فيديو
- Now Lebanon : Crowds Gather to Show Support for International Tribunal, August 4, 2010
- IRIS Institute:La creation du TSL est-elle justifiee? - June 18, 2009
- Al Manar : Interview with Ali Hajj right after his release - April 30, 2009
- Al Manar: Summary of Jamil Al Sayyed's press conference, April 30, 2009
- AFP, Freed Lebanese prisoner speaks out - April 30, 2009
- OTV : exclusive interview with Jamil Sayyed - April 30, 2009
- Al Jazeeera English : Crowds celebrate Hariri suspects'release - April 29, 2009
- OTV : report about Ali el Hajj - March 18, 2009
Liens - Links - مواقع ذات صلة
The Washington Institute for Near East Policy, David Schenker , March 30, 2010 . Beirut Spring: The Hariri Tribunal Goes Hunting for Hizballah
Frederic Megret, McGill University, 2008. A special tribunal for Lebanon: the UN Security Council and the emancipation of International Criminal Justice
International Center for Transitional Justice Handbook on the Special Tribunal for Lebanon, April 10, 2008
United Nations
Conférence de presse de Nicolas Michel, 19 Sept 2007
Conférence de presse de Nicolas Michel, 27 Mars 2008
Département d'Etat américain
* 2009 Human Rights report
* 2008 Human Rights report
* 2007 Human Rights report
* 2006 Human Rights report
* 2005 Human Rights report
ICG - International Crisis Group
The Hariri Tribunal: Separate the Political and the Judicial, 19 July, 2007. [Fr]
HCSS - Hague Centre for strategic studies
Hariri, Homicide and the Hague
Human Rights Watch
* Hariri Tribunal can restore faith in law, 11 may 2006
* Letter to Secretary-General Kofi Annan, april 27, 2006
Amnesty International
* STL insufficient without wider action to combat impunity
* Liban : le Tribunal de tous les dangers, mai 2007
* Jeu de mecano
Courrier de l'ACAT - Wadih Al Asmar
Le Tribunal spécial pour le Liban : entre espoir et inquiétude
Georges Corm
La justice penale internationale pour le Liban : bienfait ou malediction?
Nadim Shedadi and Elizabeth Wilmshurt, Chatham House
The Special Tribunal for Lebanon : the UN on Trial?, July 2007
Issam Michael Saliba, Law Library of Congress
International Tribunals, National Crimes and the Hariri Assassination : a novel development in International Criminal Law, June 2007
Mona Yacoubian, Council on Foreign Relations
Linkages between Special UN Tribunal, Lebanon, and Syria, June 1, 2007
Frederic Megret, McGill University, 2008. A special tribunal for Lebanon: the UN Security Council and the emancipation of International Criminal Justice
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