L'Orient le jour - Najjar : La démission de Riachi n’a rien à voir avec le tribunal international, 3 Novembre 2008.
La démission, jeudi, du juge Ralph Riachi du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), en guise de protestation contre le retard dans les permutations judiciaires pour cause de pressions politiques, a suscité hier de nombreuses réactions. Répondant aux rumeurs selon lesquelles l’une des raisons de la démission du juge Riachi serait sa prochaine nomination comme l’un des deux juges libanais du tribunal international pour le jugement des assassins de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, Ibrahim Najjar, ministre de la Justice, a précisé dans une intervention télévisée que, d’un point de vue technique, il n’est pas vrai qu’un juge doit démissionner de son poste au Liban s’il est nommé au tribunal international. Il a assuré par ailleurs que personne ne connaît jusque-là l’identité des deux juges qui participeront au tribunal international. Il a souligné également qu’il n’est pas vrai que dans de tels cas, il y ait un problème de vacance, puisque la loi a prévu les mécanismes de remplacement d’un juge, estimant que les bruits sur une éventuelle vacance problématique provenaient d’une incompréhension de la loi. M. Najjar a insisté sur le fait qu’il fallait aborder les questions de justice loin des médias parce qu’elles ont trait à l’indépendance du secteur judiciaire. Concernant les permutations judiciaires, il a précisé que le ministre de la Justice a le droit, selon la loi, d’émettre ses remarques sur la liste qui lui est envoyée par le CSM. Mais il a précisé en l’occurrence que, jusqu’à présent, l’entente sur les permutations n’a pas encore eu lieu et qu’aucun texte ne lui a pas conséquent été envoyé. Toutefois, selon certaines sources bien informées citées par l’agence al-Markaziya, « le problème (des nominations) est bien plus grand qu’un simple problème de noms », dans une référence claire, selon l’agence, à une rumeur sur l’opposition du ministre de la Justice à la nomination du juge Ghassan Oueidate au poste de premier juge d’instruction de Beyrouth. Ces même sources ont estimé que « les tiraillements politiques et l’absence d’une entente sur les juges sont la cause du retard dans l’annonce des permutations judiciaires, et ceux parmi les hommes politiques qui en connaissent les détails refusent d’en parler ». Par ailleurs, l’ordre des avocats de Tripoli a publié hier un communiqué dans lequel il déclare avoir accueilli la démission du juge Riachi « avec beaucoup de mécontentement, vu les raisons qui sous-tendent cette démission ». L’ordre a souligné qu’il avait déjà appelé à plusieurs reprises à la levée des obstacles qui entravent la bonne marche du système judiciaire et à une accélération dans les permutations judiciaires.Pour sa part, l’Association libanaise des droits de l’homme a estimé que « la démission du juge Ralph Riachi montre toute l’ampleur de la crise institutionnelle qui secoue le corps judiciaire au Liban ». Sur un autre plan, le président du CSM, le juge Antoine Khair, a reporté hier au 9 janvier prochain la séance qui devait être consacrée aux indemnités suite aux incidents de Jroud al-Denniyé, en raison du fait que le décret de nomination des nouveaux membres du conseil, après la vacance causée par le départ en retraite du juge Afif Chams, n’a pas encore été adopté.
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