L'Orient le jour - Le ministre de la Justice défend sa position concernant le tribunal international même si cela l’a écarté de la course au palais de Baabda, 26 novembre 2007
Charles Rizk : J’ai la conscience tranquille et cela est beaucoup plus important que la présidence
Le ministre de la Justice, Charles Rizk, s’est déclaré surpris que sa contribution à la création du tribunal international soit utilisée comme un argument contre lui au lieu d’être, au contraire, un élément en sa faveur dans la bataille présidentielle. Dans une interview à la Voix du Liban, M. Rizk a notamment déclaré que « si le tribunal international m’a écarté de la présidence, cela n’a pas d’importance ». « Si je n’avais pas contribué à la mise en place du tribunal, j’aurais failli à mes responsabilités et j’aurais agi contrairement à ma conscience et mes convictions nationales, de même que j’aurais perdu le respect de l’opinion publique libanaise qui est, en définitive, mon seul recours et ma seule force », a souligné M. Rizk. M. Rizk a, d’autre part, souligné que c’est en sa qualité « non pas de ministre de la Justice mais de citoyen soucieux de la valeur de la vie » qu’il a œuvré afin de mettre sur pied le tribunal. « Cela me rend consensuel plus que d’autres, a déclaré le ministre de la Justice. Il est temps de soustraire le tribunal des tiraillements politiques. » Interrogé sur l’impact que sa position concernant le tribunal a eu sur ses chances d’accéder à la présidence, M. Rizk a déclaré : « Je n’ai ni perdu ni gagné la présidence car nul n’a gagné ou perdu la présidence pour l’instant. Mais, par contre, j’ai la conscience tranquille et cela est plus important que la présidence. Si d’autres que moi préfèrent conquérir la présidence plutôt que d’avoir la conscience tranquille, cela est leur problème. » Le ministre de la Justice a, d’autre part, souligné qu’il ne fallait pas dramatiser outre mesure le vide au niveau de la présidence. « En réalité, la présidence de la République était vacante depuis plus d’un an, a déclaré M. Rizk. L’opposition n’accordait pas à la présidence une importance suffisante, mais elle axait tout son intérêt sur son alliance avec le général Michel Aoun, sans prendre en considération le président Lahoud. » M. Rizk a précisé sur ce plan qu’il existe actuellement « une présidence collégiale après le vide » (au niveau de la présidence). Et de préciser à ce propos que « le Conseil des ministres regroupe dix ministres chrétiens qui constituent la majorité, ce qui est susceptible d’éliminer les craintes des chrétiens au sujet de l’hégémonie des musulmans ». « La crainte des chrétiens d’avoir un président pour six ans, élu de manière précipitée, devrait être plus grande que leur crainte du vide provisoire à la tête de l’État, a ajouté le ministre de la Justice. Le plus grand perdant aujourd’hui est le système politique libanais qui traverse une phase d’effondrement quasi total. Preuve en est les différentes initiatives, dont celle du patriarche maronite qui a été contraint d’élaborer une liste (de candidats) pour sortir de la crise. » M. Rizk a qualifié ces initiatives d’« hérésie constitutionnelle », soulignant que la présidence de la République n’appartient pas aux maronites, de même que la présidence de la Chambre et la présidence du Conseil n’appartiennent pas aux chiites et aux sunnites. M. Rizk a critiqué implicitement dans ce cadre la dernière initiative du général Michel Aoun.M. Rizk a, d’autre part, souligné que l’un des objectifs de la conférence d’Annapolis est de pousser la Syrie à prendre ses distances à l’égard de l’Iran. « Cela explique l’échec de l’initiative française, a-t-il déclaré. La France ne pouvait faire des concessions à la Syrie qu’au Liban, ce qui a eu pour effet de provoquer l’échec de l’initiative de Bkerké. » Et M. Rizk d’indiquer en outre que la conférence d’Annapolis a également pour but de « regrouper des forces arabes et islamiques soutenues à l’échelle régionale afin de faire face à la montée en puissance de l’Iran comme État régional qui s’apprête à faire son entrée dans le club nucléaire ». « C’est dans ce cadre que s’inscrivent le rôle pivot de la Syrie à Annapolis et l’importance de sa participation à cette conférence, qui constitue un premier pas dans les efforts des États-Unis de briser l’alliance syro-iranienne », a conclu M. Rizk.
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