L'Orient le jour - Le problème du tribunal, l’une des causes du blocage syrien sur le dossier de la présidentielle, 25 janvier 2008.
L'article de Philippe ABI AKL
De nombreux observateurs et analystes en sont convaincus : le problème de la mise sur pied du tribunal international, chargé de juger les assassins de Rafic Hariri et les auteurs des différents attentats perpétrés au Liban depuis octobre 2004, constitue l’une des principales causes du blocage syrien concernant le dossier de l’élection présidentielle. Les dirigeants syriens, appuyés en cela par certains de ses alliés locaux, affirment en effet que le tribunal est devenu plus que jamais un instrument de pression politique brandi à la face du régime en place à Damas. La Syrie s’emploie ainsi à entraver par tous les moyens l’élection du nouveau président de la République afin d’utiliser cette carte dans un éventuel marchandage portant sur la présidentielle et la crise libanaises, en général. Dans un tel contexte, la question que se posent les observateurs est de savoir pour quelles raisons le tribunal n’a toujours pas entamé sa mission. Face au blocage provoqué par Damas au Liban, une accélération du processus de mise en place du tribunal pourrait défricher le terrain pour donner enfin le coup d’envoi du procès des assassins présumés de Rafic Hariri. Le dossier du tribunal, au centre de toutes les manœuvres et tentatives d’intimidation syriennes, serait ainsi clos, ce qui faciliterait alors nécessairement un règlement de la crise dans laquelle se débat le pays. Selon un magistrat libanais, qui a suivi de près les différentes phases de formation du tribunal en question, le principal obstacle qui empêche au stade actuel le début du procès est d’ordre financier. Le budget nécessaire pour assurer le fonctionnement du tribunal durant la première phase de trois ans prévue n’a toujours pas été couvert. Or, pour que le procès débute effectivement, les frais des deux premières années devraient être couverts dès le départ. Les sources diplomatiques à New York indiquent à ce propos que les pays donateurs ne se sont pas montrés jusqu’à présent particulièrement enthousiastes à couvrir le budget du tribunal international. Curieusement, ce sont les pays arabes, et plus particulièrement les États du Golfe, qui se montrent à cet égard les moins coopératifs. Les démarches entreprises dans ce cadre par les hauts responsables des Nations unies n’ont pas encore abouti aux résultats escomptés afin de permettre de donner le coup d’envoi du procès Hariri.Le budget nécessaire pour la bonne marche du tribunal s’élève, pour la période de trois ans, à 145 millions de dollars répartis comme suit : 35 millions de dollars pour la première année, montant auquel il faudrait ajouter 15 millions de dollars au gouvernement hollandais en vue de l’aménagement du bâtiment où siégera le tribunal et qui est situé près de La Haye ; 45 millions de dollars pour la deuxième année ; et 40 millions de dollars pour la troisième année. Le Liban a déjà versé sa part. Les États-Unis ont versé de leur côté 5 millions de dollars et la France 6 millions de dollars. La grande question qui se pose toutefois sur ce plan est de savoir pourquoi certains pays arabes, et plus particulièrement l’Arabie saoudite, n’ont pas encore versé leur contribution pour le financement du tribunal.
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