L'Orient le jour - Hormis l’État, point de salut, 11 Juin 2007
La chronique de Nagib AOUN
Il est des moments dans l’histoire des nations où les hommes politiques, à défaut de prendre position, gagneraient à se taire ou, à défaut de se « mouiller », feraient mieux de reconnaître leur incompétence, leur effarante frilosité.Il est des moments dans l’histoire des nations où les inepties, clamées à longueur de journée, se transforment en banderilles plantées dans le corps meurtri de l’État, où les désinformations, véhiculées à coups de « scoops », s’apparentent à des actes de trahison.Assassinats à répétition, attentats ambulatoires, populations prises en otages : par-delà l’affaire Hariri, l’acte terroriste initiateur de la procédure judiciaire internationale, c’est tout un pays qui est en danger de mort, ce sont des centaines de milliers de civils qui risquent d’être entraînés dans l’engrenage de la violence aveugle.Illégitime, illégale, la résolution instituant le tribunal à caractère international ? Ingérence dans nos affaires internes, atteinte à la souveraineté, à l’indépendance nationales ? Que voilà des absurdités, des insanités débitées sans état d’âme, un combat d’arrière-garde mené au nom de causes qui ne veulent pas dire leur nom. Mais ne nous y trompons pas : dimanche 10 juin, une page a été tournée, une autre s’ouvre aujourd’hui, non plus sur l’inconnu, mais sur un processus bien déterminé dont l’aboutissement est imparable.Désormais, les assassins, les criminels seront clairement identifiés, les exécutants, les commanditaires directement pointés du doigt, immanquablement traduits devant la justice. Non pas les seuls meurtriers de Rafic Hariri, mais tous ceux qui tuent, pillent, mettent le Liban à feu et à sang, essayent de le plonger dans l’enfer du terrorisme rampant.Car si le crime originel est l’assassinat de l’ancien Premier ministre, tous les autres forfaits qui ont suivi, tous ceux en cours ou qui pourraient survenir lui sont liés, lui sont viscéralement attachés parce que l’objectif est le même : déstabiliser le pays du Cèdre, ouvrir tous les battants sur le chaos, sur l’anarchie.La situation que vivent les Libanais depuis des semaines en est d’ailleurs le maléfique reflet ; la preuve par cent, par mille, le nombre de terroristes lâchés dans les bas-fonds du non-droit, de l’existence d’un plan subversif. Que Fateh el-Islam soit lié à el-Qaëda, qu’il en soit une fluide ou une fidèle émanation, ou que la manipulation s’effectue au gré des intérêts syriens, tous ces vecteurs débouchent sur un même constat : les malfrats, les criminels sont sortis de leur tanière et se répandent comme une traînée de poudre. Pire, des repris de justice ont droit de cité et, abomination, absurdité suprêmes, se voient confier des tâches de sécurité, faute d’une force de frappe dissuasive, à défaut d’une décision politique unanime.Et là, on touche à l’essentiel, là où le bât blesse, là où la plaie béante exhale toute sa purulence : le terrorisme étend ses tentacules aux quatre coins du pays, les salafistes officient allègrement dans les camps et hors des camps palestiniens… Et que font entre-temps les défenseurs du « peuple opprimé », les combattants de la moralité publique ? Ils se complaisent dans l’obstructionnisme, inversent l’ordre des priorités, maintiennent les sit-in de la honte.Un gouvernement d’union nationale, un cabinet de salut public ? La requête est naturelle et s’impose en cette situation de crise. Mais la gravité, l’urgence même de la situation exigent le préalable des concertations, aussi bien sur le programme de la future équipe que sur le choix du prochain locataire du palais de Baabda.Une fois ne devrait pas être coutume, et le Liban a assez souffert des bouderies ministérielles, des portes qu’on claque sur un changement d’humeur et des chantages pratiqués à longueur d’année.L’irruption, à large échelle, de la pieuvre terroriste sur la scène libanaise a bouleversé les donnes et catapulté à l’avant-plan les implications régionales qui la motivent, les vecteurs jihadiste, syrien ou palestinien qui la sous-tendent. Continuer à pratiquer la politique politicienne, celle qui paralyse les institutions, c’est, objectivement, se rendre complice des assassins, c’est faciliter les noirs desseins des terroristes, des tireurs de ficelles embusqués derrière la « respectabilité » de leurs régimes voyous.Au défunt comité de dialogue auquel avaient participé tous les dirigeants politiques, y compris Hassan Nasrallah, un accord était intervenu sur cinq points essentiels : délimitation des frontières avec la Syrie, établissement de relations diplomatiques avec la même Syrie, élimination des armes palestiniennes hors des camps, nécessité de régler la crise du pouvoir au niveau de la présidence, formation du tribunal à caractère international. Le dernier point est entré en vigueur au grand dam de ceux-là mêmes qui y avaient pourtant souscrit ; restent les quatre autres qui doivent constituer la base de tout nouveau dialogue, comme celui qu’envisage de parrainer le gouvernement français fin juin. Des références fondamentales auxquelles doivent s’ajouter la résolution 1701 du Conseil de sécurité, qui a mis un terme à l’agression israélienne de juillet dernier, et les sept points de Fouad Siniora soumis à la conférence de Rome et auxquels s’était rallié, à l’époque, le Hezbollah.Face à l’offensive terroriste, les exceptions sécuritaires ne sont plus tolérables parce qu’elles sont à l’origine de la déliquescence actuelle.Le débat à ce sujet ne peut plus être différé : il y va de l’avenir, de l’existence même du Liban.
Il est des moments dans l’histoire des nations où les hommes politiques, à défaut de prendre position, gagneraient à se taire ou, à défaut de se « mouiller », feraient mieux de reconnaître leur incompétence, leur effarante frilosité.Il est des moments dans l’histoire des nations où les inepties, clamées à longueur de journée, se transforment en banderilles plantées dans le corps meurtri de l’État, où les désinformations, véhiculées à coups de « scoops », s’apparentent à des actes de trahison.Assassinats à répétition, attentats ambulatoires, populations prises en otages : par-delà l’affaire Hariri, l’acte terroriste initiateur de la procédure judiciaire internationale, c’est tout un pays qui est en danger de mort, ce sont des centaines de milliers de civils qui risquent d’être entraînés dans l’engrenage de la violence aveugle.Illégitime, illégale, la résolution instituant le tribunal à caractère international ? Ingérence dans nos affaires internes, atteinte à la souveraineté, à l’indépendance nationales ? Que voilà des absurdités, des insanités débitées sans état d’âme, un combat d’arrière-garde mené au nom de causes qui ne veulent pas dire leur nom. Mais ne nous y trompons pas : dimanche 10 juin, une page a été tournée, une autre s’ouvre aujourd’hui, non plus sur l’inconnu, mais sur un processus bien déterminé dont l’aboutissement est imparable.Désormais, les assassins, les criminels seront clairement identifiés, les exécutants, les commanditaires directement pointés du doigt, immanquablement traduits devant la justice. Non pas les seuls meurtriers de Rafic Hariri, mais tous ceux qui tuent, pillent, mettent le Liban à feu et à sang, essayent de le plonger dans l’enfer du terrorisme rampant.Car si le crime originel est l’assassinat de l’ancien Premier ministre, tous les autres forfaits qui ont suivi, tous ceux en cours ou qui pourraient survenir lui sont liés, lui sont viscéralement attachés parce que l’objectif est le même : déstabiliser le pays du Cèdre, ouvrir tous les battants sur le chaos, sur l’anarchie.La situation que vivent les Libanais depuis des semaines en est d’ailleurs le maléfique reflet ; la preuve par cent, par mille, le nombre de terroristes lâchés dans les bas-fonds du non-droit, de l’existence d’un plan subversif. Que Fateh el-Islam soit lié à el-Qaëda, qu’il en soit une fluide ou une fidèle émanation, ou que la manipulation s’effectue au gré des intérêts syriens, tous ces vecteurs débouchent sur un même constat : les malfrats, les criminels sont sortis de leur tanière et se répandent comme une traînée de poudre. Pire, des repris de justice ont droit de cité et, abomination, absurdité suprêmes, se voient confier des tâches de sécurité, faute d’une force de frappe dissuasive, à défaut d’une décision politique unanime.Et là, on touche à l’essentiel, là où le bât blesse, là où la plaie béante exhale toute sa purulence : le terrorisme étend ses tentacules aux quatre coins du pays, les salafistes officient allègrement dans les camps et hors des camps palestiniens… Et que font entre-temps les défenseurs du « peuple opprimé », les combattants de la moralité publique ? Ils se complaisent dans l’obstructionnisme, inversent l’ordre des priorités, maintiennent les sit-in de la honte.Un gouvernement d’union nationale, un cabinet de salut public ? La requête est naturelle et s’impose en cette situation de crise. Mais la gravité, l’urgence même de la situation exigent le préalable des concertations, aussi bien sur le programme de la future équipe que sur le choix du prochain locataire du palais de Baabda.Une fois ne devrait pas être coutume, et le Liban a assez souffert des bouderies ministérielles, des portes qu’on claque sur un changement d’humeur et des chantages pratiqués à longueur d’année.L’irruption, à large échelle, de la pieuvre terroriste sur la scène libanaise a bouleversé les donnes et catapulté à l’avant-plan les implications régionales qui la motivent, les vecteurs jihadiste, syrien ou palestinien qui la sous-tendent. Continuer à pratiquer la politique politicienne, celle qui paralyse les institutions, c’est, objectivement, se rendre complice des assassins, c’est faciliter les noirs desseins des terroristes, des tireurs de ficelles embusqués derrière la « respectabilité » de leurs régimes voyous.Au défunt comité de dialogue auquel avaient participé tous les dirigeants politiques, y compris Hassan Nasrallah, un accord était intervenu sur cinq points essentiels : délimitation des frontières avec la Syrie, établissement de relations diplomatiques avec la même Syrie, élimination des armes palestiniennes hors des camps, nécessité de régler la crise du pouvoir au niveau de la présidence, formation du tribunal à caractère international. Le dernier point est entré en vigueur au grand dam de ceux-là mêmes qui y avaient pourtant souscrit ; restent les quatre autres qui doivent constituer la base de tout nouveau dialogue, comme celui qu’envisage de parrainer le gouvernement français fin juin. Des références fondamentales auxquelles doivent s’ajouter la résolution 1701 du Conseil de sécurité, qui a mis un terme à l’agression israélienne de juillet dernier, et les sept points de Fouad Siniora soumis à la conférence de Rome et auxquels s’était rallié, à l’époque, le Hezbollah.Face à l’offensive terroriste, les exceptions sécuritaires ne sont plus tolérables parce qu’elles sont à l’origine de la déliquescence actuelle.Le débat à ce sujet ne peut plus être différé : il y va de l’avenir, de l’existence même du Liban.
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